La commune du Tilleul est située sur le littoral cauchois, à 25 Km du Havre et au voisinage immédiat d’Etretat. Son territoire couvre 630 hectares, essentiellement en plateau qui culmine dans le bourg à 111m. Il est dominé par de larges perspectives de terres agricoles (Openfield) semées de clos masures où les bâtiments s’abritent du vent derrière un talus planté de hêtres. Seules quelques vallées sont boisées.
UN APERÇU DE L’HISTOIRE LOCALE
Les traces d’une occupation humaine sur les terres du Tilleul remontent au néolithique. Si la présence romaine est également attestée, c’est surtout pendant la période médiévale que l’histoire locale se montre riche en péripéties : Conquête de l’Angleterre par Guillaume de Normandie, répartition de notre espace en fiefs et domaines agricoles aux mains de seigneurs locaux. La vie fut longtemps rythmée par le guet de la Manche, sorte de service obligatoire mobilisant les habitants et la noblesse contre les incursions maritimes. On trouvera dans l’architecture de l’église Saint Martin les traces du passage à la Renaissance et le témoignage des liens étroits unissant le château de Fréfossé au Tilleul.
Depuis la Seconde Guerre Mondiale et le raid magistral des commandos britanniques sur la commune voisine de Saint-Jouin Brunneval, le Tilleul a vu décroître ses activités traditionnelles, exploitation du galet, du goémon, forge, mais conserve une agriculture dynamique, une école et de nouveaux secteurs économiques, artisanat, vente de bois, entretien des parcs et jardins, hôtellerie, restauration, camping, industrie métallique.
UNE VIEILLE TERRE D’HISTOIRE
Il y a 3 000 ans environ, les Tilleulais polissaient de belles haches de pierre et des pointes de flèches. Quelques exemplaires de leur activité nous sont parvenus et attestent d’une présence humaine dès le néolithique. Quittant la vallée du Danube, les Celtes dominèrent ensuite tout l’ouest de l’Europe. De l’âge du bronze (-1300) à l’âge du fer, (-700 -800), ils développèrent une civilisation reposant sur l’agriculture, l’élevage et la chasse. Deux siècles avant Jésus Christ, nos ancêtres locaux appartenaient à la tribu des Calètes.
Durant le 1er siecle les légions romaines firent la conquête de la plus grande partie de la Gaule. Pour cinq siècles la société gallo-romaine va connaître une paix relative garantie par une défense de ses frontières terrestres et maritimes. Dans la valleuse d’Antifer, un mur fut édifié afin d’en interdire l’accès aux pirates.
On sait qu’à cette époque les fibres du tilleul permettaient la fabrication de cordages. C’est sans doute de cet usage que le nom de notre commune tire son origine. Au IV° siècle, nos côtes n’échappèrent pas au déferlement des grandes invasions créant chez nos ancêtres une crainte durable des rivages où résider présentait les plus grands risques. Sous le règne des Francs, notre région devient la Neustrie.
Le chef viking, Rollon, obtint du roi de France une province qui devint la Normandie. Pour obtenir la fidélité de leurs guerriers, les ducs distribuèrent des fiefs. Un seigneur au hameau du Parlement et un chevalier entre la baie d’Etretat et la valleuse d’Antifer représentaient leur suzerain, à leur charge d’assurer la sécurité dans le territoire qui leur était confié.
En 1066, notre bon sire, Onfroy du Tilleul, chevalier du Parlement accompagna Guillaume lors de la conquête de l’Angleterre. Pour ses services, il se vit confier la garde du château d’Hastings mais tombera en disgrâce pour avoir cédé aux instances de son épouse qui le priait de revenir illico « Sinon elle se pourvoirait d’un autre mari ».
Plus tard, les terres du Tilleul entrèrent en possession de Mathilde, petite fille de Guillaume. Epouse de Geoffroy Plantagenêt, duc d’Anjou, elle devint la seule héritière du trône d’Angleterre. La guerre de Cent Ans n’était pas loin. En 1204, Robert du Parc se vit chargé par Philippe Auguste de la défense du littoral. En 1374 Galehaut de Saâne fit édifier un château fort, qui sera le lointain ancêtre du château de Fréfossé.
Différentes nobles familles vont se succéder à Fréfossé. La légende de la chambre des Demoiselles pèse sur la mémoire d’un cruel seigneur du lieu qui voulu capturer trois vertueuses jeunes filles. C’est un tout autre regard qu’il faut poser sur Charles de Pelletot, chevalier et seigneur de Fréfossé qui figure pieusement sur un très ancien vitrail de l’église Saint Martin en compagnie de son épouse, Marie de Clercy, Dame de Bornambusc et de Manneville la Goupil.
En 1665 puis en 1717 fut signifiée à la population l’obligation de se mobiliser en cas de descente ennemie sur le littoral. En 1759, les récalcitrants risquaient les galères. Deux pièces d’artillerie renforçaient cette défense côtière. Le « guet de la Manche » fonctionnait selon des règles voisines du guet en vigueur dans les villes, chevalier, sergents, hommes d’armes.
A la révolution, l’abolition des privilèges libéra les paysans des corvées et du pillage des récoltes par les pigeons des colombiers seigneuriaux. Ces réformes bénéfiques ne se firent pas sans certains excès de la part des plus ardents, l’église en fut une des principales victimes.
Le lien étroit qui unissait le village et Fréfossé perdit de sa force après Edouard Hocquart, maire du Tilleul de 1814 à 1825 et Aimé Ernest Dubosc, capitaine de marine, industriel manufacturier animé par le souci d’étendre et de moderniser son domaine.
Au fil des siècles, la vie locale s’était déroulée au rythme des saisons, des activités agricoles traditionnelles dans un paysage de champs ouverts (Elevage, culture) semé de fermes masures abritant le nourrissage des veaux, la volaille et les pommiers à cidre. Une forge, des commerces et une école animaient le village. Le rivage accueillait des activités particulières, ramassage du goémon, fabrication de la soude, plus tardivement ramassage des galets utilisé s comme matière première pour la céramique, ressources venant compléter l’économie villageoise.
Le président Félix Faure venait souvent chasser sur les terres du château. Bien avant son élection, René Coty fut un familier du village. Enfin, lors du célèbre discours de Bruneval au cours duquel il traça les grandes lignes de sa politique d’après guerre, le général de Gaulle honora le Tilleul d’une visite mémorable.